Vers l'héliocentrisme




L’Enseignement de Leptinus ou l’Art d’Eudoxe. Papyrus égyptien entre 331 et 111 B.C. Image L’astronomie Fred Hoyle 1962

Héraclide du Pont, en faisant de Mercure et de Vénus des satellites tournant autour du Soleil, gravit une belle étape vers l’héliocentrisme. Ce n’était pas rien d’expliquer pourquoi Mercure et Vénus accompagnent toujours le Soleil dans sa course dans le zodiaque, tantôt le suivant, tantôt le précédant, ne s’en écartant jamais à plus de 28° pour Mercure, à plus de 48° pour Vénus. Cette explication est d’autant plus satisfaisante qu’elle respectait la règle simple des orbites circulaires, sans s’embarquer dans des orbites épicycliques. Une solution qui levait un deuxième mystère : la vitesse apparente assez lente de ces planètes pour s’éloigner du Soleil, contrastant avec celle beaucoup plus rapide pour s’en rapprocher ; ainsi Vénus met 221 pour atteindre son élongation maximum et seulement 71 jours pour revenir en conjonction avec le Soleil.
Aristote fit une objection très pertinente à l’idée de la Terre tournant autour du Soleil: «Si la Terre tournait autour du Soleil, elle occuperait dans sa course des positions fort différentes dans l’espace. On observerait les étoiles sous des angles différents, et on les verrait se déplacer les unes par rapport aux autres au cours de l’année. Les constellations changeraient de forme», ce que personne n’observa avant la mesure de la parallaxe de l’étoile 61 Cygni par Bessel au XIXe siècle. Aristote émis aussi une objection de taille à l’idée de la rotation de la Terre sur elle-même, «Si la Terre tourne, disait-il, les oiseaux ne retrouveraient pas leur nid», qui mobilisera les plus grands savants jusqu’à Newton, comme nous le verrons dans le prochain chapitre.une objection très grave, insurmontable même, tirée des variations d’éclat de Mars et de Vénus». Un argument «massu» en faveur de l’héliocentrisme que reprendra Galilée dans une lettre très peu connue adressée à Christine de Lorraine : «… mais alors… il faudrait interdire aux hommes de regarder vers le ciel afin qu’ils ne vissent pas Mars et Vénus, tantôt très proches, tantôt très éloignés de la Terre… Vénus 40 fois plus grande et Mars 60 fois».