L'écliptique : sept planètes mobiles et trente six étoiles repères




Cette image stellarium.com montre un regroupement des sept astres errants dans l'écliptique : Grande Conjonction de Mars, Jupiter, Saturne au point d'équinoxe, en février 6 B.C. selon le calcul de Képler et selon les prévisions des tablettes éphémérides babylonniennes publiées par Sachs et Walker 1984
Images : regardssurlaplanete.com

L’épopée du héros Gilgamesh, première histoire de la Création et du Déluge, traduite en 1872 par un assyriologue britannique, George Smith, provoqua un émoi mondial car ces tablettes en écriture cunéiforme remontent à 1500-1000 avant notre ère. Un texte instructif en astronomie qui contraste avec la pauvreté de la bible plusieurs siècles après. Voici de brefs versets de l’Enûma elish, IV, 135-137 ; V,1-70 la Création des Astres, du Ciel et de la terre :
«Marduk créa les stations célestes pour les grands dieux
Il installa les constellations, leurs étoiles qui sont leurs images,
Il détermina l’année, en traça les limites, Et pour chacun des douze mois, il mit en place trois étoiles. 
(les 12 mois du zodiaque et 36 étoiles-repères le long de l’écliptique)  
Lorsqu’il eut fixé la durée de l’année,
Il fixa la station de l’Etoile Polaire,pour définir les liens entre les astres
et qu’aucun ne commette de négligence en son parcours […] 
Puis il fit briller Nanna (la Lune) et lui confia la nuit,
Il lui assigna d’être le joyau de la nuit pour définir les jours 
Que chaque mois, sans fin, il marquerait par son disque […] 
(c’est le mois synodique de 29,53 jours de leur calendrier lunaire)»


La Ziggourat d’Our en Chaldée construite par Sulgi 2 000 ans avant notre ère. Les touristes perchés au sommet donnent une idée de l’ampleur de cette imposante construction. Ces premières ziggourat étaient à 3 terrasses en Chaldée, plus tard à Babylone elles seront à 7 niveaux, au nom des 7 astres errants, des 7 dieux : de Ninurta(Saturne) en bas à Sin (laLune) au sommet. Cet observatoire astronomique dominait la plaine de Basse Mésopotamie. 

A l’horizon, dans la zone du nord-est au sud-est et dans celle du nord-ouest au sud-ouest des repères astronomiques permettaient certainement de mesurer l’azimut des levers et couchers des 7 astres errants et des 36 étoiles-repères qui jalonnaient le plus régulièrement possible les 12 signes du zodiaque déjà découpés en décans. 

Cette terrasse sacrée, située entre Ciel et Terre, était réservée au Roi et à ses conseillers à la fois prêtres et astrologues. Tout un rituel du soir à l’écoute des 7 sages du ciel : les 7 planètes. Chaque nuit les astronomes notaient, en écriture cunéiformes, sur des tablettes en terre cuite la position dans le zodiaque des planètes alors visibles. 

Entre la Terre et la sphère lointaine constituée d’«astres fixes» (les étoiles), les astronomes babyloniens avaient intercalé les 7 «astres errants» (les planètes) dans l’ordre de distance : Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Pythagore, le premier des grecs, adopta cette remarquable classification en distance puisque les 5 planètes sont ainsi classées dans le bon ordre héliocentrique. On ne verra jamais les planètes dans la Grande Ourse ou la Petite Ourse, ni dans la Croix du Sud, ni dans Orion pourtant sur l'équateur; elles circulent toujours dans le plan de l’écliptique, qui coupe l'équateur aux points d'équinoxes.

Conclusion : un disque proche de planètes et une sphère lointaine d’étoiles.

Jusqu’à Hipparque, IIe siècle avant notre ère, l’astronomie babylonienne puis l’astronomie grecque furent exclusivement consacrées aux planètes dont les déplacements sont visibles à l’œil nu. Les étoiles étaient vaguement identifiées dans des constellations, les Catastérismes d’Erathosthène (275-195) rapportent les positions approximatives de centaines d’étoiles : «le genou de Céphée», «l’épaule d’Andromède», «la tête du Bélier », «le col du Cygne», «la queue du Dragon»... Hipparque fera le premier travail rigoureux en donnant, à mieux que 1°, les coordonnées équatoriales de 850 étoiles.



Une longue nuit d’hiver vous vous tournez vers le Sud. Il est 18 h du soir :

  • Le grand cercle de l’équateur, couleur magenta, sera toujours fixe, et son axe dirigé vers l’étoile polaire 
  • Le grand cercle de l’écliptique, les ronds jaunes, va se déplacer au cours de la nuit. 

A 21 heures, l’intersection des deux cercles nommée point vernal (de printemps) s’est déplacé sur la droite.



A 24 heures l’autre intersection des deux cercles nommée point automnal apparaît sur la gauche. 

Arrêtons nous sur cette position : le cercle de l’écliptique, en couleur jaune, est au-dessus du cercle de l’équateur, et, donc le pôle de l’écliptique est situé au-dessous de l’étoile polaire…les deux pôles sont derrière nous, au nord.  

A 27 heures le point automnal intersection des deux cercles approche du méridien.



A 6 heures du matin la partie visible du cercle de l’écliptique, en jaune, est passée au-dessous du cercle de l’équateur. Le pôle de l’écliptique proche l’étoile  du Dragon est alors au-dessus de l’étoile polaire.

Exemple d’une nuit d’hiver lors d’une pleine Lune :

le Soleil vient de se coucher en bas à droite au sud-ouest.
Saturne est déjà au méridien, elle ira se coucher à l’ouest.
la Lune, alors à l’opposé du Soleil, vient de se lever au nord-est, à gauche, elle ira se coucher au nord-ouest.

Depuis la nuit des temps et pour l’éternité les planètes sont alignées à la queue leu-leu sur l’écliptique (la courbe marquée de disques jaunes) qu’elles parcourent lentement. En effet, le déplacement des planètes dans le zodiaque est tès lent, et en quelques jours on ne discerne aucun décalage sensible par rapport aux étoiles. On donne souvent le cas de Jupiter facile à retenir : Jupiter parcourt un signe du zodiaque par an, c’est-à-dire met 12 ans pour parcourir tout le zodiaque.

Par contre au cours de nuit, quelques heures, c’est la Terre qui tourne, donc l’ensemble des astres. Les planètes circulent alors comme les étoiles parallèlement à l’équateur et aux tropiques du Cancer et du Capricorne (les courbes marquées par des étoiles violettes) ; elles viennent se coucher en épi par rapport à l’écliptique.