Le système héliocentrique d'Aristarque de Samos




Vestiges du temple de Héra à Samos, vers 570-560. Image www.grece-bleue.net

Le principal titre de gloire d’Aristarque de Samos est d’avoir le premier placé le Soleil au centre du monde et fait tourner autour de lui la Terre et les planètes, préfigurant ainsi pour l’essentiel le système de Copernic, dix-sept siècles plus tard. «Dans son traité sur Les Grandeurs et les Distances du Soleil et de la Lune Aristarque de Samos ne parle pas de son hypothèse héliocentrique et on ne connaît même pas le titre de l’ouvrage où il l’avait exposée. Cette hypothèse lui appartient incontestablement, comme il résulte de divers passages de Simplicius, Archimède et de Plutarque, etc. Et cela est confirmé par l’accusation d’impiété portée contre lui par les polythéistes grecs». Une indication de Plutarque le précise formellement : «La Terre est animée d’un deuxième mouvement de rotation sur elle-même, qui explique la révolution quotidienne apparente de la voûte céleste». En cela le tandem Aristarque-Plutarque se retrouvait curieusement en accord avec Aristote qui s’opposait à la rotation de la Terre mais affirmait «si la Terre tourne elle doit avoir deux mouvements de rotation car il faut expliquer l’alternance des jours et des nuits et l’alternance des saisons». René Taton* conclut : «Du moins avons nous la certitude que cette hypothèse héliocentrique préfigurait, pour l’essentiel, le système copernicien. Avec la doctrine des Atomistes et des Epicuriens, qui croyaient à la pluralité des mondes et à l’infinitude de l’Univers, l’Antiquité a donc possédé les éléments de la cosmographie moderne».



Taton René, 1957, Histoire générale des Sciences, tome1 Science antique et médiévale, pages 279 et 280, édition quadrige Presses Universitaires de France.
Bigourdan Guillaume, 1911, L’astronomie, Evolution des Idées et des Méthodes, édition Flammarion.

Aristote fit des objections fort pertinentes à l’héliocentrisme : «Si la Terre tournait autour du Soleil, elle occuperait dans sa course des positions fort différentes dans l’espace. On observerait les étoiles sous des angles différents, et on les verrait se déplacer les unes par rapport aux autres au cours de l’année. Les constellations changeraient de forme», ce que personne n’avait alors observé.

La réplique que l’on prête à Aristarque de Samos est la suivante : «Oui, ce serait vrai, sauf si les étoiles sont immensément éloignées au-delà du cercle que décrit la Terre, comme la surface d’une sphère est éloignée de son centre». C’est exact, l’étoile la plus proche Proxima du Centaure est 28 000 fois plus lointaine que Saturne, la dernière planète.

Aristote émis une autre objection de taille : «Si la Terre tourne disait-il les oiseaux ne retrouveraient pas leur nid».

Il faudra attendre Galilée avant de comprendre le principe et les divers aspects de l’inertie. Aristote connaissait la dimension de la Terre 400 000 stades, qu’il cite dans son ouvrage sur le Ciel, et savait calculer qu’une pierre lancée en l’air, à la latitude d’Athènes, retombait au bout de 3 à 4 secondes,  un stade plus loin.