Une Terre toujours ronde au Moyen Age et à la Renaissanc



Statue équestre, bronze du IXe siècle, de l’empereur Charlemagne et enluminure de l’Evangéliaire d’Hildegarde deux des multiples représentations de Charlemagne portant la sphère terrestre.
Images de Dorka et J.-L. Charmel à voir dans L’Europe de Charlemagne, Historia special n°21, janvier-février 1993.

En 2004, on put voir, dans notre presse écrite nationale, une pleine page publicitaire se résumant à ces trois lignes : 
Aristote, la Terre est plate 
Galilée, la Terre devient ronde
Internet, le monde devient mobile 
Tout en s’appuyant sur Aristote et sur Galilée il était facile de rêver une publicité plus percutante en faveur d’Internet
Ronde, la Terre l’était depuis Pythagore. Mobile, elle l’était depuis Galilée, et même doublement mobile, tournant sur elle-même et tournant autour du Soleil. Ce publicitaire révèle simplement un inconscient collectif une rumeur tenace selon laquelle au Moyen Age les hommes s’imaginaient que la Terre était plate. Aux Etats-Unis, depuis un roman de science-fiction à succès datant XIXe siècle, des américains naïfs ont même inventé un Christophe Colomb persuadé que la Terre était plate


Tous les chemins mènent à Rome dit-on. En tous cas, ces deux pèlerins du Moyen Age en route pour Saint Jacques de Compostelle ou pour Jérusalem le savent : la Terre est ronde

 Personne ne le mit jamais en doute, ni dans les mondes grecs, latins, et arabes, ni au moyen âge, ni à la Renaissance… ni par aucune Eglise. 


Le moyen âge rimerait-il toujours avec obscurantisme ? une insulte pour les magnifiques découvertes, le travail et la qualité exceptionnelle de nos médiévistes de l’Ecole des Annales : Marc Bloch, Fernand Braudel, Jacques le Goff, Georges Duby.

Voici un exemple de représentation populaire de la sphère terrestre au moyen âge. Une représentation classique dite TO : la lettre T majuscule inscrite dans un O sépare 3 continents de tailles inégales : un demi, un quart, un quart. L’Asie - le plus grand - l’Europe et l’Afrique. Depuis les mondes latins et arabes et jusqu’au XVIIe, les géographes ont placé le Nord à gauche. 

Pour Anaximandre, Hécatée et Hérodote, le Nord était en haut. L’Europe, alors le plus grand continent connu, couvrait la moitié haute, au-dessus de l’axe Méditerranée, Pont Euxin, Caspienne. Au sud, la mer Rouge séparait l’Afrique, on disait alors la Libye, de l’Asie, l’Orient. Un partage symbolique en T, depuis l’origine, mais dont le contenu a tourné et changé l’Asie désormais le plus grand continent venant en la moité haute et donc le Nord venant à gauche. 




Tronoen. Un calvaire du bas Moyen Age, perdu dans la lande bretonne, à la pointe de Penmarc’h, face à l’Océan… à droite sur la photo. 

J’ai agrandi la scène de la Nativité, si naïve mais tellement vraie. Une Vierge parturiente, allongée, les seins nus, est en train d’accoucher. A ses pieds, l’enfant Jésus, de quelques années déjà, désigne le monde céleste de sa main droite, et porte la sphère terrestre en sa main gauche. 

Remerciements à Jacques le Goff, René Huygue, Jos le Doaré


L’astronome positionne ici la sphère céleste où sont dessinées les constellations d’étoiles, figures personnages ou animaux de la mythologie grecque. Les constellations sont représentées telles qu’on les voit dans le ciel, comme le verrait l’astronome de l’intérieur de la sphère.


La sphère, mobile, est enchâssée à mi-hauteur sur le cercle gradué qui marquant les azimut du lever et coucher des astres sur l’horizon terrestre.




Le géographe travaille sur sa carte. Sur le globe terrestre on devine le contour des continents et on aperçoit le tracé des méridiens et parallèles.